À 29 ans, Adrien Burlacot est entré dans la cour des grands. Responsable de laboratoire au Carnagie institution for Science de Stanford (USA), le Riomois a été retenu parmi les 30 personnalités scientifiques de l’année par le magazine Forbes (catégorie North America) pour ses recherches sur les microalgues. Aussi brillant que modeste, le jeune homme nous raconte les enjeux de ses travaux et son attachement à sa région natale.
Tout d’abord, comment avez-vous été sélectionné et comment avez-vous appris la bonne nouvelle ?
Il suffit de postuler ou d’être parrainé par quelqu’un. Dans mon cas, c’est un collègue d’un autre institut qui m’a suggéré de le faire. Ensuite, Forbes opère une première présélection. Il devait y avoir environ 10 000 candidats ! Ensuite, ils étudient vos travaux. Et ils nous recontactent. En septembre, j’ai été rappelé. C’était déjà une belle surprise. Et puis, finalement en me réveillant un beau matin fin novembre, j’avais un mail qui me « félicitations ! ». Je ne m’y attendais pas tout à fait.
Qu’est-ce qui vous a valu cette reconnaissance ? En quoi consistent vos travaux ?
Je fais de la recherche sur les algues, les plantes et la photosynthèse. Je cherche à comprendre comment les plantes fixent le carbone et comment on peut faire en sorte d’améliorer les qualités de fixation. J’ai découvert avec l’équipe de mon laboratoire par quel un mécanisme les microalgues ont une capacité particulière à fixer le CO2, plus efficace que les autres plantes. Nous sommes en train de quantifier ces mécanismes.
Quelle est l’application directe de ces recherches ?
Cette découverte sert à savoir comment les plantes cultivées améliorent leur vitesse de croissance et leur capacité à produire de la nourriture. On vient de passer le cap des 8 milliards d’individus sur Terre. L’ONU prévoit qu’il faut doubler notre production de nourriture d’ici 2050. Cela passera par ce type de travaux. Par ailleurs, la lutte contre le réchauffement climatique est aussi au cœur de tous les enjeux. Les microalgues permettent de fixer le CO2, qui contribue l’élévation des températures. Les prédictions mettent en évidence qu’il faudra développer ce type de mécanisme pour diminuer la présence de CO2 dans l’atmosphère. L’enjeu est donc fondamental.
Quel est votre parcours ?
Je suis originaire de Riom. Jusqu’au bac j’étais au lycée Sainte-Marie de Riom ensuite j’ai fait un an de prépa à Blaise Pascal. Je suis parti faire ma deuxième année à Paris avant d’intégrer l’école Polytechnique en 2012. Là j’ai vraiment fait beaucoup de sciences de maths et de physiques et très peu de biologie paradoxalement. Au bout de trois ans, je suis parti en stage en Arabie Saoudite pour étudier les microalgues dans la mer Rouge. Cela m’a beaucoup plu. Je sentais qu’il y avait des enjeux forts car le phytoplancton contribue pour 50% à la fixation du CO2 de la planète, c’est plus que toutes les plantes réunies. Et du coup, je me suis lancé là-dedans. Je suis allé me former au master de biologie des plantes de Paris-Saclay. Dans ce cadre j’ai fait un stage de six mois au CEA de Cadarache dans un laboratoire entièrement dédié à l’étude des algues et j’ai continué trois ans en thèse là-bas. Puis j’ai obtenu un poste de doctorat à l’université de Berkeley (Californie) en janvier 2021, avant d’être recruté ici, à Stanford, 8 mois plus tard. Je suis là au moins pour 5 ans.
Est-ce que vous avez encore le temps de revenir en Auvergne ?
Oui, je reviens quelques jours environ une fois par an. Mes parents sont toujours à Riom, je vais faire du vélo à Volvic, Châtel-Guyon. Je nourris souvent un peu de nostalgie. Ce qui me manque surtout aux États-Unis, c’est d’avoir des villes à taille humaine. La pierre de Volvic me manque aussi de temps en temps (rires). Et ce qui me manque le plus, c’est la verdure de l’Auvergne. Ici, la Californie est brûlée par le soleil. Voir le puy de dôme et la chaîne des puys est quelque chose qui me manque souvent.
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria