Racheté en 2012, le Parc Animalier d’Auvergne situé à Ardes-sur-Couze dans le Puy-de-Dôme, recense désormais 350 espèces, souvent menacées, et accueille 110 000 visiteurs par an. Nouveautés, ambitions, bien-être animal… Rencontre avec Pascal Damois, président du Parc qui fourmille d’idées (Photo : Pascal Damois / Crédit Marie Demoulin)
NewsAuvergne : Comment avez-vous entamé la saison ?
Pascal Damois : À chaque rayon de soleil, nous faisons le plein mais il faut naviguer entre les gouttes, c’est probablement la saison la plus pluvieuse que nous avons rencontré depuis le rachat du parc en 2012. Les chiffres sont alignés avec l’an dernier grâce à de beaux week-ends comme l’Ascension ou Pâques.
Quelles sont les nouveautés 2024 ?
Côté nouveautés, nous avons inauguré un nouvel enclos de mixité pour les binturongs, les écureuils de Prévost et les cerfs huppés (une espèce rare puisque nous sommes moins d’une dizaine de parcs en Europe à les présenter). Parallèlement, nous avons créé un centre de la conservation et de la réalité virtuelle au milieu de l’enclos des cerfs sikas du Vietnam, une espèce très menacée. Ce centre permet grâce à des casques de réalité virtuelle de découvrir les animaux en danger dans leurs milieux naturels. Nous avons aussi une nouvelle aire de jeux au centre du Parc avec un cerf géant. Mais parmi nos nouveautés 2024 les plus importantes, nous avons ouvert le Manoir des Rêves Sauvages, un lieu d’hébergement de charme pour nos clients, puisque nous l’avons transformé en un petit art hôtel de 11 chambres dédiées aux espèces menacées, toutes signées d’une œuvre de l’artiste engagée Sandrot.
Comment parvenez-vous à vous distinguer des autres parcs animaliers de France ? Quelle est votre véritable originalité ?
Nous sommes le parc zoologique le plus dédié aux espèces menacées dans toute l’Europe. Plus de 80% des espèces du Parc Animalier d’Auvergne sont menacées dans leurs milieux naturels. Cette spécialisation, malgré notre petite taille en termes de fréquentation ou même économique, fait que nous avons dans nos équipes des compétences très pointues. Ainsi, nous avons par exemple deux vétérinaires dont l’un(e) est spécialisée en nutrition animale pour la faune sauvage. Nous sommes le seul parc en France ayant intégré cette compétence en interne.
Nous allouons l’équivalent de près de 7% de notre chiffre d’affaires à Play for Nature pour la protection des espèces menacées et de leurs milieux de vie chaque année avec la volonté de stabiliser ce soutien à 10% de notre CA. Même le Manoir des Rêves Sauvages que nous venons d’ouvrir participe à cet effort puisque depuis son ouverture, 5% du CA est reversé à également Play for Nature.
Nous avons aussi développé une pédagogie innovante, unique en France, avec des expériences extraordinaires dans nos coulisses pour découvrir la conservation ex situ mais également in situ comme nos colonies de vacances, nos camps natures ou encore l’activité Vétérinaire d’un Jour.
Il existe une volonté de vous diversifier : séminaires, mariages, night games… Pourquoi ?
L’activité historique du Parc est fortement dépendante de la météo comme on le voit depuis les vacances de la Toussaint 2023. Notamment en réponse à cette fragilité de notre business model, nous avons créé depuis de nombreuses années différentes activités pédagogiques : soigneur d’un jour, rencontres privilèges, colonies de vacances, camps nature, petits-déjeuners au parc, vétérinaire d’un Jour, etc… qui représentent aujourd’hui environ 20% de notre chiffre d’affaires. À l’automne prochain nous inaugurerons des « night games » au sein du Manoir des Rêves Sauvages, des jeux de type escape game, pour passer une soirée au cœur d’un mystère lié à la biodiversité.
L’hébergement, l’événementiel (mariages, séminaires) ou les night games sont des activités qui nous permettent de sensibiliser nos clients à la protection des espèces menacées, de la biodiversité de manière générale, tout en continuant à accroître le chiffre d’affaires qui ne dépend plus ou peu de l’impact météo.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Notre équipe ne manque pas de créativité et les idées pour notre développement futur sont nombreuses. Nous sommes en pleine réflexion pour créer un plan stratégique 2025-2028, il est donc encore un peu tôt pour en parler. Il est toutefois important de souligner que nous fonctionnons de manière un peu différente de toutes les entreprises depuis deux ans. Notre équipe a travaillé, réfléchi, à notre raison d’être et nous l’avons formalisé avec ces quelques mots : « Passionnés et engagés dans la protection de la biodiversité et des espèces menacées, nous sensibilisons, innovons, émerveillons et agissons pour développer le bien-être animal et la connaissance scientifique afin d’inspirer et de bâtir un monde durable ».
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria
Le Parc en chiffres
-110 000 visiteurs
-350 animaux de 60 espèces différentes
-47 hectares (70 hectares en maîtrise foncière)
-2,70 M€ de chiffre d’affaires (sans le Manoir)
-25 équipiers en CDI et une équipe qui grimpe entre 60 et 70 personnes pendant l’été
www.parcanimalierdauvergne.fr