Les 20, 21 et 22 juillet, Ambert accueillera son World Festival, devenu un incontournable des festivals d’été. L’an dernier, 15 000 spectateurs s’y sont précipités. Entre record de billetterie et ambiance champêtre, quel est donc le secret des organisateurs ? Rencontre avec Benoît Pascal, directeur du festival depuis 2018.
Le festival d’Ambert rencontre un succès grandissant qui permet de proposer une programmation de haute volée. Comment l’expliquez-vous ?
Mon père a lancé le festival il y a 35 ans et pendant ces 35 ans, cet événement s’est toujours renouvelé en intégrant progressivement les musiques actuelles. Ce mélange des genres entre les groupes de musique du monde et les têtes d’affiche qu’on écoute tous les jours à la radio fonctionne à plein. Depuis qu’on a fait ce pari d’accélérer cette tendance en 2018, nous sommes passés de 2 000 festivaliers à 15 000 l’an dernier. Au moment où nous parlons, nous approchons même les 17 000 festivaliers cet été, ce qui sera un record absolu !
Quels vont être les temps forts côté scène, cette année ?
Il y en a vraiment pour tous les goûts. Côté groupes de danse traditionnelle, cette année nous accueillons notamment le Venezuela, la Croatie ou encore l’Afrique du Sud. Ce n’est pas très fréquent. Nous sommes les seuls à aller aussi loin dans ce type de programmation. Côté musiques actuelles, nous proposons des têtes d’affiche dont nous sommes très fiers comme Martin Solveig, en date unique dans la région, Franz Ferdinand, Jaine, ou Skip the Use pour ne citer qu’eux. L’idée est de miser sur cette programmation-là pour faire venir le public et poursuivre notre mission d’accueillir les cultures du monde, parce qu’on se rend bien compte, depuis les années 2010, que l’image du folklore en France est souvent galvaudée. Depuis qu’on mélange les genres, la programmation musique du monde n’a jamais été aussi fréquentée sous le chapiteau. Il nous arrive même de refuser du monde.
On se rend compte qu’il y a un appétit de culture dans les territoires dit ruraux ?
Clairement ! Nous sommes à une heure de Clermont et une heure de Saint-Étienne, en milieu rural. Pour organiser un festival à Ambert, ville de 6 000 habitants, loin de tout, cela coûte plus cher, mais on sait qu’ici, il y a un public fidèle. Les gens ont aussi beaucoup souffert pendant la crise sanitaire. Ils répondent présent plus que jamais.
Vous avez mis en place des initiatives pour limiter l’impact du festival sur l’environnement. Lesquelles exactement ?
Depuis trois ans, nous avons opté pour des aménagements durables dans le temps, et passifs. Par exemple, nous avons mis en place un réseau électrique pour éviter de louer des groupes électrogènes au diesel. Nous avons installé des constructions bois issues des forêts d’Ambert, réutilisables à l’année par d’autres associations. C’est juste du bon sens.
Pouvez-vous quantifier votre impact économique sur le territoire ?
Cette année, notre budget a augmenté pour passer à 1,2 million d’euros. Nous sommes à 92 % d’auto-financement. Ce dont nous sommes très fiers. Nous avons quelques subventions publiques qui restent importantes pour nous, mais nous sommes très autonomes. Ce n’était pas le cas il y a cinq ans. Par ailleurs, il est difficile de quantifier les retombées économiques pour le territoire mais pendant la durée du festival, les hébergements à 30 kilomètres à la ronde sont tous complets, et tous les commerçants font le plein. 75 % des dépenses du festival sont faites dans le Puy-de-Dôme.
D’où vient votre public ?
50 % des spectateurs viennent du Puy-de-Dôme, 20 % de la Loire et plus largement de la grande région, Lyon, Saint-Flour, Vichy… À 80 %, il s’agit surtout d’un public régional, mais pour certaines de nos têtes d’affiche en exclusivité, les fans sont capables de venir de loin !
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria