Michelin, le CNRS et l’Université Clermont Auvergne ont inauguré le 6 décembre 2023 un laboratoire commun inédit appelé « BioDLab ». L’objectif : mieux comprendre ce que deviennent les particules de pneus dans l’environnement (Crédit : © HORSEPOWER – ANASTASIE VIALA – 2023)
Que deviennent les poussières de pneumatique lors du roulage ? Derrière cette question faussement ésotérique se cache en réalité une problématique à enjeu environnemental et scientifique fort. Pour tenter de percer le mystère, 27 chercheurs issus de Michelin, du CNRS et de l’Université Clermont Auvergne (UCA), vont plancher sur le sujet durant quatre ans avec pour mission de développer des outils permettant de trouver des solutions concrètes pour rendre les particules d’usure bio-assimilables par l’environnement.
2% dans l’atmosphère
« Pour garantir la sécurité à l’automobiliste, le pneu doit d’abord adhérer à la route avec pour conséquence, une érosion générant des particules d’usure. Elles forment un mélange complexe pour lequel de nombreux phénomènes chimiques restent à découvrir notamment sur leur évolution dans le temps lorsqu’elles se mélangent au sol et à l’eau », expliquent les scientifiques de la mission.
À l’interface entre l’étude des matériaux, la chimie et la microbiologie, cette nouvelle collaboration vise à développer des méthodes d’évaluation de la dégradation de l’élastomère, composant essentiel des pneumatiques, et à produire une analyse fine qui permettra de comprendre les mécanismes en jeu. En effet, environ 2% de particules de pneumatiques se retrouvent dans l’atmosphère sans que personne ne sache vraiment ce qu’elles deviennent. « Une fois que nous aurons compris comment tout cela fonctionne, nous pourrons concevoir de nouveaux matériaux qui seront bio assimilables par l’environnement », analyse Christophe Moriceau, vice-président de la recherche avancée de Michelin.
Un budget de 6,5 M€
Pour l’Université Clermont Auvergne qui abritera le laboratoire, « ce partenariat scientifique permettra d’accompagner la production de matériaux innovants et durables. Il s’inscrit donc pleinement dans la feuille de route de notre stratégie scientifique qui vise à concevoir des modèles de vie et de production durables », souligne le président, Mathias Bernard. De son côté, le CNRS assure « encourager la création des laboratoires communs avec des entreprises pour aller plus loin dans la recherche et faire face aux défis de notre société, à leurs côtés », argumente Jean-Luc Moullet, Directeur général délégué à l’innovation du CNRS.
Pour mener à bien leur mission, les scientifiques de BioDLab bénéficieront d’une enveloppe de 6,5 M€, apportés à 50 % par Michelin et autant par le CNRS et l’Université Clermont Auvergne.
Geneviève Colonna d’Istria