Le célèbre chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui part du Puy-en-Velay (Haute-Loire) ne cesse de conquérir de nouveaux adeptes. Cette année encore, le Camino a battu tous les records de fréquentation (Photo : Geneviève Colonna d’Istria).
Impossible de les manquer. Ils sont partout dans les rues du Puy-en-Velay (Haute-Loire), ville de départ du mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Avec leurs gros sacs à dos et leurs bâtons de marche, les candidats au pèlerinage sont de plus en plus nombreux. Leur rêve ? Rallier Compostelle, en Galice (Espagne), dans les traces de l’apôtre Jacques, soit plus de 1 500 kilomètres à pied sur un parcours chargé d’histoire, de religion et de patrimoine. Le Compostelle est d’ailleurs classé par l’Unesco depuis 25 ans. Ce qui a contribué, s’il en était encore besoin, à lui donner un éclairage mondial. Après Jérusalem et Rome, le site reste le lieu d’un des plus célèbres pèlerinages de la chrétienté du Moyen Âge à nos jours.
Hausse de fréquentation
Seulement 6 % des randonneurs vont jusqu’au bout. Beaucoup le font en plusieurs fois. Cette année encore, ils ont afflué du monde entier dans la cité mariale. Français bien sûr, mais aussi Canadiens, Australiens, Américains, Suédois, Brésiliens… « On voit même des Japonais maintenant ! », souffle l’Office de Tourisme du Puy-en-Velay. Conséquence, le Saint-Jacques a encore franchi un record de fréquentation en 2023. « Entre le 1er mai et le 15 septembre, 22 000 personnes ont été recensées sur la première étape du Camino. C’est 2 000 de plus qu’en 2022. L’augmentation est sensible, environ 7 %. Cela nous oblige à nous adapter, sécuriser les chemins, installer des toilettes sèches, etc.. », analyse Brice Arnaud, chargé de mission au Département de la Haute-Loire.
« En tout, depuis le début de l’année, plus de 30 000 pèlerins ont déjà été comptabilisés à la cathédrale du Puy, confirme Emmanuel Boyer, directeur du Puy en Velay Tourisme. Cette année, on a senti un réel engouement dès le mois d’avril ». Forcément l’impact du Saint-Jacques sur l’économie touristique locale est gigantesque. « En cinq ans, l’agglomération est passée de 12 000 lits marchands à 16 000 ! Même si ce n’est pas uniquement dû au GR de Compostelle, son influence est évidente. On assiste également à une explosion des locations courte durée car les hébergements sont souvent saturés. La taxe de séjour est en croissance constante depuis des années ».
« L’engouement est toujours plus fort »
Une telle affluence dope forcément le tourisme. Restaurants, terrasses, hôtels et chambres d’hôtes débordent de randonneurs, surtout d’avril à octobre. « C’est aussi une très bonne chose pour les agriculteurs qui se trouvent sur le chemin. Ils ont diversifié leur activité en accueillant les touristes à la ferme », poursuit Emmanuel Boyer. Même son de cloche du côté du Comité de la randonnée de Haute-Loire. « L’engouement pour le Saint-Jacques est toujours plus fort, surtout depuis la sortie du Covid, confirme Melissa Valla. Du coup, certains randonneurs découragés par le manque de place en hébergement se rabattent sur d’autres GR comme celui de Stevenson. Mais là aussi la fréquentation explose ! ». Selon les professionnels du tourisme, la hausse est estimée à près de 30 % sur la période du 1er avril au 30 juin 2023.
En 2022, les retombées économiques sur l’agglomération du Puy-en-Velay se chiffraient à plus de 65 millions d’euros. Un score qui pourrait bien être dépassé en 2023.
Geneviève Colonna d’Istria