Depuis le 1er mars 2024, Ève Coquart, 37 ans, a été nommée Directrice générale et artistique de Clermont Auvergne Opéra, une structure qu’elle connaissait déjà depuis septembre 2023 en qualité de chargée de mission artistique et administrative. Rencontre avec une passionnée qui fourmille d’idées (Photo: CAO).
NA : Quel est votre parcours ?
Ève Coquart : Je suis ardennaise, issue d’une famille de musiciens. Mes cinq frères et sœurs jouent d’un instrument. Je suis moi-même violoncelliste de formation. J’ai commencé à l’âge de 4 ans. La musique a toujours été mon socle éducatif. Je suis venue au chant plus tard, vers l’âge de 17 ans. J’ai découvert le chant en accompagnant l’opérette « La vie d’Offenbach », alors que j’étais dans l’orchestre. J’ai eu une révélation. Je ne me rendais pas compte de l’impact que pouvait avoir la voix sur les autres. Je me suis dit : « je veux faire ça !». C’était pour moi le meilleur outil pour exprimer ma passion. Je suis donc allée à Paris pour étudier le chant. Je suis devenue professionnelle assez rapidement et j’y suis restée quatorze ans.
Comment êtes-vous arrivée à Clermont-Ferrand ?
Je suis venue la première fois à Clermont-Ferrand il y a sept ans, complètement par hasard. Je faisais de l’événementiel en tant que chanteuse. C’était en février 2017. Pour l’anecdote j’étais venue animer une soirée partenaires pour l’ASM (rires). Je suis revenue plusieurs fois et j’ai été attirée par la dynamique culturelle de la ville. J’ai quitté Paris pour m’installer ici. J’ai alors créé ma propre agence d’événementiels avec l’idée d’amener l’opéra là où il n’est pas présent notamment au sein des entreprises privées. Puis j’ai créé l’association « Voix dehors » pour sensibiliser les jeunes enfants en crèche à l’opéra. J’ai intégré en septembre dernier Clermont Auvergne Opéra non pas pour être chanteuse mais comme chargée de mission artistique et administrative, avant d’être nommée Directrice générale et artistique le 1er mars.
Quelle sera votre feuille de route ?
Nous avons déjà construit une feuille de route pour l’an prochain qui sera une saison de transition. L’un de mes objectifs est de réussir à attirer plusieurs types de publics avec une tarification attractive. Je veux aussi sortir hors les murs, aller dans les quartiers, attirer un nouveau public. Pour accéder à ça, il faut mettre en place des partenariats avec d’autres structures culturelles du territoire : la Comédie, l’Orchestre national d’Auvergne, etc… L’idée est de mutualiser les moyens et les coûts tout en étant au cœur de la dynamique culturelle.
Que faudrait-il faire pour que l’opéra se démocratise ?
C’est vraiment mon objectif. Les partenariats sont un très bon levier pour ça y compris pour un public plus éloigné physiquement et culturellement de l’opéra. Le genre ne leur parle pas. C’est à nous de les attirer. J’envisage des spectacles partagés avec de la pluridisciplinarité tout en étant exigeant sur la qualité. L’opéra c’est pour tout le monde et c’est ludique. Il faut aussi diversifier notre offre.
Avez-vous déjà des pistes pour la prochaine programmation ?
La prochaine programmation 2024-2025 est déjà établie. Une présentation est prévue le 11 juin à l’opéra théâtre. Ce sera une saison de transition. Je peux déjà dire qu’elle sera joyeuse. Il y aura aussi en 2025 le retour du concours international de chant lyrique qui n’a pas eu lieu depuis le Covid. C’est très important pour l’image de l’opéra dans le monde. On commence aussi à travailler sur la saison 2025-2026 où il y aura beaucoup de partenariats inédits et je m’en réjouis d’avance.
Vous ne regrettez pas d’avoir posé vos valises à Clermont-Ferrand ?
(Rires) Non, pas du tout ! Aujourd’hui j’ai deux petits auvergnats qui sont nés ici. Je ne risque pas de regretter. C’est une vraie joie et je suis très heureuse ici.
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria