Jean-Frédéric Chibret, président des Laboratoires Théa, dont le siège se situe à Clermont-Ferrand, a remporté en septembre le prix EY de « l’Entrepreneur de l’année 2022 » pour la région Auvergne Rhône Alpes. Depuis 30 ans, Ernst & Young (EY) récompense un dirigeant pour son itinéraire exceptionnel et pour son parcours entrepreneurial exemplaire, conciliant responsabilité sociétale et modèle économique pérenne. Jean-Frédéric Chibret, 47 ans, a pris la tête du groupe familial en 2000. Depuis, l’héritier de la célèbre dynastie auvergnate a étendu l’activité de l’entreprise familiale à l’international, et fait bondir son chiffre d’affaires pour atteindre en 2021, 683 M€. Rencontre avec un géant de l’ophtalmologie. (Photo : Théa)
News Auvergne : Vous venez de recevoir le prix EY de l’Entrepreneur de l’année 2022 pour la région Auvergne Rhône Alpes. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Jean-Frédéric Chibret : À mes yeux, ce prix récompense le parcours et la réussite de Théa et avant tout le travail et l’engagement de nos collaborateurs. C’est une reconnaissance qui nous motive pour continuer l’aventure et bâtir les succès de demain.
News Auvergne : Quelles sont les dernières actualités de Théa ?
Jean-Frédéric Chibret : Vraisemblablement, les États-Unis. En trois ans, Théa a franchi toutes les étapes nécessaires à une intégration réussie sur le plus grand marché de la planète dans le domaine de l’ophtalmologie. Rappelons que les 330 millions d’Américains consomment à eux seuls près de 50 % de la valeur du marché mondial. Notre stratégie pour entrer dans ce pays s’est déployée dans deux directions. D’abord, une approche pour les produits de conseil “OTC” via Similasan à Denver (Colorado). En 2019, nous nous sommes alliés avec cette entreprise suisse qui commercialise des collyres à base d’actifs naturels. Théa est désormais actionnaire majoritaire de l’entité ophtalmique T & S (Théa & Similasan). Avec elle, nous venons de lancer il y a quelques mois les premiers produits Théa aux États-Unis destinés à la sécheresse oculaire ou l’hygiène des paupières (iVIZIA).
Parallèlement, nous avons eu une approche pour les produits de prescription via notre filiale Théa Pharma, récemment ouverte à Lexington à côté de Boston (Massachusetts). Nous venons de racheter sept produits de la société américaine Akorn (notamment dans le domaine du glaucome), tous approuvés par la Food and Drug Administration (FDA), et qui représentent un chiffre d’affaires cumulé de plus de 60 millions de dollars. Nous avons également intégré chez Théa Pharma US, des forces de vente et une équipe marketing jusqu’ici dévolues à ces produits, soit une cinquantaine de personnes. Autant d’apports qui ont conféré à Théa, une assise, une base pour préparer et soutenir tous nos prochains lancements aux USA. Car, c’est là le dernier point. Nous venons de déposer nos premières demandes d’autorisation de nouveau médicament auprès de la Food and Drug Administration (FDA), pour diffuser sur place nos propres traitements, notamment dans le domaine du glaucome.
News Auvergne : Comment envisagez-vous l’avenir du Groupe ?
Jean-Frédéric Chibret : En 2021, Théa a affiché un chiffre d’affaires de 683 millions d’euros. Celui-ci devrait grimper à 800 millions en 2022, suite à cette intégration américaine qui a fortement mobilisé nos équipes ainsi que la croissance organique. Bien sûr, cela ne nous fait en rien négliger les autres pays que nous voulons continuer de développer : l’Europe – où Théa a ses racines -, mais aussi les autres pays au Maghreb, au Moyen Orient, en l’Amérique centrale et en Amérique du Sud. Notre réseau comporte désormais 35 filiales et une quarantaine de partenaires distributeurs qui diffusent nos traitements à travers le monde. 75 % du CA est réalisé à l’international.
News Auvergne : l’innovation reste un point incontournable de votre développement
Jean-Frédéric Chibret : En effet, l’autre moteur de la croissance future, c’est l’innovation. Nous offrons aujourd’hui aux ophtalmologistes et aux patients une gamme de produits moderne et très complète. Depuis sa création, Théa a innové dans de nombreuses classes thérapeutiques et contribué à ouvrir de nouveaux marchés et de nouveaux concepts avec le « sans conservateur », l’hygiène des paupières, la nutrition oculaire, ou encore l’antibiothérapie et la mydriase par voie intracamérulaire. Notre objectif est de continuer à innover dans les différents segments de l’œil grâce à notre R & D interne mais également via notre nouvelle structure créée en 2019, Théa Open Innovation, chargée de diversifier nos projets en ophtalmologie, par le biais de partenariats avec des biotechs, startups et universités. L’objectif étant de continuer à innover dans les classes traditionnelles de l’ophtalmologie mais également proposer des nouvelles solutions dans la Santé connectée, les maladies de la rétine, les maladies rares, la myopie, etc.
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria
Théa : coup d’œil sur les chiffres
CA (2021) 683 millions d’euros
Salariés : 1 600
Filiales : 35
75 % de CA à l’export
100 % de la production en Europe (dont 70 % en France)
R & D : 10 à 12 % du CA