Ce fut un long combat, mais le poulet du Bourbonnais a enfin obtenu son titre d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), après plus de 20 ans d’attente (Photo : Jérôme Chabanne).
« C’est une grande victoire pour toute la filière ! ». À l’annonce de la nouvelle, Hervé Kratiroff, président du groupe agroalimentaire lyonnais Solexia, n’a pas dissimulé sa joie. Car après des années de combat acharné, la commission permanente de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) a enfin accordé au poulet du Bourbonnais le titre d’Appellation d’origine contrôlée (AOC). L’AOP devrait suivre dans un an. En France, seules deux races de poulet peuvent se targuer de bénéficier de ce glorieux label : le poulet de Bresse et désormais celui du Bourbonnais.
Neuf éleveurs dans le Bourbonnais
Il aura fallu presque plus de 20 ans de démarches pour obtenir ce précieux sésame, le 22 juillet 2022. « Pour le consommateur, c’est aussi un gage de grande qualité du produit et pour la filière, c’est une plus-value incontestable », poursuit Hervé Kratiroff. Les éleveurs – ils sont neuf à ce jour installés dans le Bourbonnais – doivent respecter un cahier des charges précis et exigeant. « Ils sont engagés à fournir une alimentation composée de 70 % de céréales minimum, sans OGM, provenant de l’aire géographique. Puis 2 à 3 semaines avant l’abattage, l’alimentation est complétée par de la poudre de lait afin de donner du moelleux et un goût persillé à la chair. Le poulet doit être élevé dans un périmètre correspondant à 90 % aux limites du département de l’Allier. Il est abattu à plus de 100 jours », précis Solexia.
Cuisiné par les grands chefs
Le poulet du Bourbonnais doit également être élevé en plein air (3 000 m² minimum pour 500 volailles). Pour toutes ces raisons, le prix d’un poulet AOP à la vente sera plus élevé de 50 % environ par rapport à un poulet fermier. Allier Volailles, le seul abattoir sur le secteur détenu par Solexia depuis 2019, prévoit l’abattage de 26 000 poulets par an qui seront prévendus. 70 % seront commercialisées en circuit traditionnel : restauration, boucherie, grossistes et environ 15 % en GMS. Mais d’ores et déjà quelques chefs l’ont déjà mis à l’honneur sur leur carte, à l’instar de l’étoile montante de la gastronomie française, Mory Sacko, installé à la tête du restaurant Louis Vuitton à Saint-Tropez. Un délice place des Lices.
Geneviève Colonna d’Istria
Le Poulet du Bourbonnais en quelques dates
-1905 : création du Bourbonnais club, une organisation d’éleveurs collectionneurs pour la défense et la protection de la race du Poulet du Bourbonnais.
-1961, le Tribunal d’Instance de Moulins reconnaît l’Appellation d’Origine Judiciaire (AOJ) du Poulet du Bourbonnais.
-1994, la filière du Poulet du Bourbonnais se structure autour d’un comité interprofessionnel. C’est à cette date qu’Allier Volailles s’investit dans la défense du Poulet du Bourbonnais aux côtés d’éleveurs, couvoirs et firmes aliments.
-2003, l’ensemble de la filière travaille à monter un dossier solide pour l’obtention de l’AOP : sélection génétique de la race, formalisation de la traçabilité et amélioration continue de la qualité, mise en place d’un jury de dégustation.
– 2014, le dossier de demande de reconnaissance est relancé par le Syvofa (syndicat de défense des volailles fermières d’Auvergne).
– 2016, l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) nomme une commission d’enquête.
-22 juillet 2022 : obtention de l’AOP