Après plus de 10 ans de travaux de restauration à hauteur de 7 M€, le Temple de Mercure rouvre au public, au sommet du puy de Dôme. Un nouvel atout pour le géant des Dômes. (Photo : Conseil Départemental)
Et si on partait sur les traces des pèlerins du temple de Mercure sous l’Antiquité ? Depuis quelques semaines, le plus grand sanctuaire de montagne de la Gaule romaine a retrouvé de sa superbe. Après dix ans de travaux, financés à hauteur de 7 M€ (HT), les ruines du monument construit au IIe siècle après JC ont retrouvé de leur superbe. « C’est une page historique à plus d’un titre qui s’ouvre au sommet du puy de Dôme avec l’accessibilité au public du temple de Mercure enfin réhabilité », se réjouit-on du côté du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, propriétaire du site.
7 millions d’euros de restauration
L’État et le Département ont investi quelque 7 M€ (*) dans la réhabilitation du Temple de Mercure afin de préserver les vestiges encore présents et de garantir leur conservation. « Puydômois et touristes peuvent désormais cheminer dans les pas des pèlerins de l’Antiquité et contempler une histoire bimillénaire », souligne le Département. Un parcours de visite permet désormais de suivre les pas des Gallo-Romains, du theatrum à la salle de la dédicace où étaient déposées les offrandes au dieu Mercure, puis sur la terrasse principale où se déroulaient des cérémonies sacrificielles, dominant Augustonemetum (le nom antique de Clermont-Ferrand). Plus saisissant encore : le visiteur peut voyager dans le temps et cheminer au cœur du temple original grâce à une expérience immersive inédite de réalité virtuelle et augmentée, avec un casque.
Ce temple de Mercure qui attirait autrefois les pèlerins de toute la Gaule pourrait aspirer désormais de nombreux touristes. « Cette synergie ambitieuse entre tradition et modernité amorce une aventure touristique renouvelée. Elle devrait se traduire par une attractivité renforcée de ce site emblématique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO », pari le Conseil départemental.
500 000 visiteurs par an
Sans cette entreprise de restauration, le plus grand sanctuaire de montagne de la Gaule romaine risquait à terme une irrémédiable dégradation. « Si des travaux n’avaient pas été entrepris en concertation avec la DRAC, tout un symbole de cette « terre d’archéologie » serait retombé dans l’oubli », assure le département. De 2013 à 2024, 7 M€ HT ont été investis pour sauver cet élément majeur du patrimoine puydômois. Outre le nouveau dispositif de visite guidée, offert depuis le 11 juin dernier, l’espace muséographique du temple de Mercure reste accessible pour raconter au public toute l’histoire du sanctuaire. Le film Le temple de Mercure, un travail de Romain ainsi qu’une application de visite virtuelle sanctuaire, « Dans les pas des pèlerins du temple de Mercure », sont mis à la disposition de tous.
Avec plus de 550 000 visiteurs par an, le site du puy de Dôme est déjà le premier site touristique du Département. Depuis sa mise en service en 2012, le Panoramique des Dômes qui mène au sommet du plus emblématique des volcans d’Auvergne a permis d’accueillir près de 7 millions de voyageurs. La restauration du Temple de Mercure pourrait bien booster encore un peu plus l’attractivité touristique de ce site historique unique.
Geneviève Colonna d’Istria
(*) Coût total de l’opération : 7 090 892 € HT Subventions (phase 1 + phase 2) État (DRAC) : 3 087 578 € État (FNADT) : 383 394 € FEDER : 1 087 276 € Région : 509 522 € Département : 2 023 122 € HT
Un peu d’histoire, par Mercure !
C’est en 1872 que des fouilles effectuées lors des travaux de construction de l’observatoire météo au sommet du puy de Dôme révèlent ce qui reste du temple de Mercure. Sa construction a débuté en 140 apr. J.-C. Au temps de sa splendeur, on peut se le représenter comme un édifice imposant, visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. Ce sanctuaire monumental à terrasses de 3 600 m² constituait le centre d’un pèlerinage réputé. Sa renommée s’étendait aux confins de la Gaule, jusqu’en Bretagne et sur les rives du Rhin, où plusieurs autels dédiés au Mercure des Arvernes ont été retrouvés. Au IIe siècle apr. J.-C., le plus grand sanctuaire de montagne de la Gaule romaine se trouve donc au sommet du puy de Dôme ! Principalement dédié à Mercure, ce monument à terrasses est un haut lieu de pèlerinage. On y accède depuis l’agglomération du col de Ceyssat, située au plus haut point de la voie d’Agrippa, grand axe de circulation reliant Saintes à Lyon, en passant par Augustonemetum (aujourd’hui Clermont-Ferrand). Son édification au sommet du puy de Dôme n’est pas le fruit du hasard ; elle succède à une construction plus ancienne encore. Bénéficiant d’un point de vue idéal et dominant sur la cité, le temple est exposé à la vue de tous. Une terre de bâtisseurs Le temple a été construit il y a environ 1 900 ans, à une période dite « gallo-romaine », presque deux siècles après Gergovie et la conquête de la Gaule par les Romains. Mercure, ou Hermès pour les Grecs, était l’un des dieux les plus vénérés, à la fois dieu du commerce et protecteur des voyageurs.