L’Université Clermont Auvergne (UCA) prépare la rentrée de ses 39 000 étudiants. Au programme, des nouveautés dans les filières, de la sensibilisation aux enjeux du développement durable et un nouveau label d’excellence pour rayonner à l’international. Rencontre avec Mathias Bernard, président de l’UCA.
NewsAuvergne : en cette période de rentrée, pouvez-vous nous dresser un tableau de la situation à l’Université Clermont Auvergne ?
Mathias Bernard : Nous allons accueillir cette année entre 38 000 et 39 000 étudiants. Ce sont quelques centaines d’étudiants en plus par rapport à l’an dernier, même si nous sommes dans une phase de stabilisation des effectifs par rapport à ces dernières années. 80 % des étudiants sont sur le campus métropolitain, sur les différents sites clermontois. Les 20 % restants – soit environ 8 000 étudiants – se répartissent sur Moulins, Vichy, Montluçon, Aurillac, le Puy-en-Velay et Issoire. 85 % des recrutements en première année se situent à l’échelle de l’académie de Clermont-Ferrand (les quatre départements auvergnats). Au niveau master, 50 % viennent de l’Auvergne et l’autre moitié de l’extérieur du territoire. Le phénomène s’accentue au niveau du doctorat où la moitié des étudiants provient de l’étranger, un quart vient de France, et un autre quart de l’académie de Clermont. On est l’une des rares universités de France à avoir un solde migratoire positif. Nous attirons plus d’étudiants que nous n’en laissons partir. Nous avons une attractivité qui reste forte pour toute une série de raisons : la qualité des formations, la qualité de vie, le coût de la vie en Auvergne. Ce sont des arguments qui comptent pour les jeunes.
NewsAuvergne : En termes de filières, vous proposez combien de formations ?
Mathias Bernard : Tous les cinq ou six ans, nous revoyons notre offre de formation. Nous avons renouvelé pas mal de choses l’an dernier surtout au niveau du master et de la licence. Au total, on peut suivre à l’UCA 210 formations diplômantes (licence, master, doctorat), 80 licences, 130 masters. Parmi les nouveautés, la mise en place du bachelor universitaire de technologie (BUT), le diplôme qui remplace les IUT. C’est une formation qui se fait désormais en trois ans contre deux auparavant. Ceci nous a obligé à revoir nos programmes destinés à renforcer l’employabilité de nos étudiants dans le supérieur. Le marché de l’emploi est très demandeur de niveau intermédiaire bac +3 et il est presque saturé de bac +5 !
NewsAuvergne : Existe-t-il des offres de formation propre à l’UCA, que l’on ne trouve pas ailleurs ?
Mathias Bernard : En effet, depuis quelques années nous avons lancé des offres qui collent aux spécificités de la région et qui correspondent aux besoins et à l’identité de certains territoires. À Issoire, par exemple, on propose un nouveau master que nous avons construit avec les collectivités territoriales, la CCI et des acteurs économiques et industriels du bassin comme l’entreprise Braincube. La formation s’appelle « Industrie 4.0 », c’est-à-dire la mise à disposition de l’intelligence artificielle au service de l’outil de production industrielle. Il s’agit d’une formation sur mesure qui regroupe une vingtaine d’étudiants avec de l’alternance et de l’apprentissage pour rendre la formation très concrète. Il reste d’ailleurs encore quelques places pour ceux qui seraient intéressés.
On a la même démarche à Aurillac, où nous allons ouvrir l’an prochain une nouvelle formation en « microbiologie et procédé de fermentation », en lien avec l’industrie fromagère, pharmaceutique, probiotique. Elle ouvrira en 2023 pour un diplôme de master. Il y a beaucoup de débouchés professionnels dans ce domaine. Et c’est à Aurillac et nulle part ailleurs !
Enfin, nous avons lancé l’an dernier, la licence « science de l’éducation » qui vise à proposer une vraie formation jusqu’à bac +5 aux métiers de l’éducation et de l’enseignement. Cela existait dans d’autres universités mais pas encore à Clermont-Ferrand. Nous manquons de profs en France donc il est important de proposer des formations pour alimenter le vivier.
NewsAuvergne : Quel bilan tirez-vous depuis que les deux universités ont fusionné en 2017 ?
Mathias Bernard : Cette fusion a permis à l’UCA de jouer dans la Ligue 1 des universités françaises, puisqu’aujourd’hui, Clermont est classé 17e sur 70. Ceci n’aurait sans doute pas été possible avec deux universités. En mars 2022 nous avons obtenu le label e-site que seules 17 universités d’excellence ont en France. Ce label permet des financements supplémentaires. En apport direct, ce sont 10 millions d’euros par an octroyés par l’État. Grâce à ce label, l’UCA a acquis une visibilité de niveau mondial !
NewsAuvergne : Comment envisagez-vous l’avenir de l’UCA ?
Mathias Bernard : Depuis plusieurs années, nous avons construit notre projet stratégique autour d’un concept qui était de concevoir des modèles de vie et de production durable. Ce choix a été fait dès 2014. C’était précurseur et déjà d’actualité. Il faut préparer cette transition écologique et sociétale d’abord en formant nos étudiants à ces nouveaux enjeux qui concernent tous les métiers. Il y a aussi un rôle à jouer en termes de recherche qui doit pouvoir contribuer à la décarbonation de l’industrie, à une agriculture respectueuse de l’environnement, etc. Tout cela représente un enjeu majeur pour lequel la recherche universitaire est importante. L’Université regroupe au total environ 50 000 personnes : étudiants et personnels compris. Ce collectif doit pouvoir évoluer dans les locaux qui respectent le développement durable. À horizon 2030, l’université doit prendre ce virage. D’ailleurs, nous mettons en place dès cette rentrée, un module obligatoire de 24 heures autour de la sensibilisation au développement durable pour nos 8000 étudiants entrant en première année. Nous sommes l’une des premières universités à le faire en France.
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria