Le géant mondial du pneumatique développe presque 100% de ses pneus en simulateur. Un atout qui permet de prendre une longueur d’avance (Photos : Aotech Simulator).
Depuis les années 1990, Michelin teste ses pneumatiques motorsport en simulateur. Dans un site dédié, situé près de Paris, l’équipementier passe en mode virtuel pour gagner du temps et réduire son empreinte carbone. « La simulation devient aujourd’hui un instrument incontournable pour le développement des pneumatiques de compétition et des véhicules sportifs de série. Cette année, 100% des Hypercars présents aux 24 Heures du Mans étaient équipées de modèles conçus sur simulateur », admet le pneumaticien, fournisseur exclusif de la compétition.
La simulation est donc devenue un accélérateur de progrès incontournable. Selon Bruno de Féraudy, directeur des activités « première monte » (pneu vendu sur les véhicules sortis d’usine), « sans simulateur, on ne pourrait pas accompagner le pneu vers le marché ». Grâce à la modélisation sur ordinateur, les ingénieurs maison peuvent identifier les dimensions et les technologies les plus adaptées à un nouveau véhicule.
Vers un « pilote virtuel »
« Il y a à la fois un enjeu technologique, économique et écologique. Le simulateur permet de reproduire toutes sortes de situations virtuelles et de réduire les tests physiques, les allers-retours sur les circuits du monde entier, très gourmands en énergie et en dépense. On divise par trois ou quatre la quantité de pneus testés en réel », résume Matthieu Bonardel directeur de la Compétition chez Michelin.
Et le phénomène devrait s’accélérer. Le groupe a annoncé le 17 mai 2023 l’acquisition de la société anglaise Canopy Simulation, leader mondial du secteur qui propose « l’un des meilleurs logiciels de simulation du marché, hébergé sur une plate-forme cloud ». Ce logiciel combine les modèles circuit, voiture et pneumatiques avec un « simulateur de trajectoires » très avancé, qui reproduit le comportement d’un « pilote virtuel idéal », promet Bibendum.
Mais Michelin l’assure, l’humain conservera le dernier mot. « Un pilote viendra valider la définition finale du pneumatique et son adaptation au véhicule ». Même si d’ici trois ou quatre ans, le pneumaticien « espère être capable de se trouver complètement dans la tête d’un pilote ».
Geneviève Colonna d’Istria