350 animaux, 60 espèces différentes sur 45 hectares… En dix ans, le Parc animalier d’Auvergne, à Ardes-sur-Couze, a bien grandi. En 2022, 105 000 visiteurs ont franchi le seuil de ce site touristique emblématique de la région Auvergne Rhône-Alpes. Engagé dans la protection de la biodiversité et des espèces menacées, le directeur Pascal Damois souhaite sensibiliser et innover. Rencontre avec un passionné. (Photo : Marie Demoulin-Parc Animalier d’Auvergne).
Quels sont les derniers investissements du Parc ?
On a investi un peu plus de 900 000 euros cet hiver. Mais cette année, nous avons souhaité prendre un vrai virage autour du bien-être animal. Nous avons reconstruit entièrement un bâtiment au cœur du parc que nous avons appelé « Centre de soins et du bien-être animal ». Nous allons y mettre à la fois une clinique vétérinaire qui sera visible des visiteurs, et des bureaux où l’on trouvera à la fois notre équipe vétérinaire, des éthologues (des personnes qui étudient le comportement des animaux) mais également une nutritionniste en faune sauvage qui vient faire son doctorat chez nous pendant trois ans. Ce bâtiment est destiné surtout à montrer tout ce que nous mettons en œuvre autour de cette thématique du bien-être animal, ce que les visiteurs ne savent pas toujours. L’idée est de montrer tout ce que fait un parc zoologique au XXIe siècle en dehors de présenter des animaux au public.
Quels sont les nouveaux animaux cette saison ?
Tout d’abord, le parc est spécialisé dans les espèces menacées et 80 % des animaux du Parc font l’objet d’un programme de reproduction européen. Les quatre espèces qui ont intégré le parc font partie de ces espèces menacées : le guépard du Soudan qui est une espèce classée « en danger » selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à cause de la perte de son habitat naturel et de la contrebande vers les pays du Moyen-Orient. Le trafic de guépards est très important que ce soit pour sa peau ou en tant qu’animal domestique. Nous accueillons aussi désormais des hippopotames pygmées qui vivent habituellement en Afrique de l’Ouest. Ils sont quinze fois plus petits que leur cousin l’hippopotame amphibien qui vit en Afrique centrale et en Afrique de l’Est. Lui aussi est en danger. Sa population ne compterait actuellement qu’entre 2 000 et 3 000 individus à l’état sauvage. Depuis avril, nous hébergeons également des cerfs sikas du Vietnam, une sous-espèce éteinte dans son milieu naturel et qui fait partie d’un programme de reproduction européen. Nous accueillons une dizaine de femelles et un mâle afin de pouvoir faire de la reproduction. Des naissances seraient une très belle nouvelle pour la conservation des cerfs sikas du Vietnam ! Enfin, nous avons également des takins dorés qui sont une espèce peu connue des visiteurs. Comme les pandas en Chine, ils sont eux aussi en danger d’extinction.
Aujourd’hui, vous en êtes où au parc. Avez-vous rebondi après l’épisode du COVID ?
Nous avons fait 105 000 visiteurs l’an dernier. C’est 15 000 de plus que l’année précédente même si nous sommes encore un peu en retrait par rapport à 2019. Mais c’est clairement un vrai rebond ! Aujourd’hui, nous comptons 26 salariés en CDI au parc et nous pouvons monter jusqu’à 50 l’été. En 2012, il n’y avait que 2 salariés ! Nous comptons 350 animaux dont 80 % sont menacés. Nous sommes en train de nous transformer. Nous sommes devenus, l’an dernier, « entreprise engagée ». Nous nous éloignons de l’entreprise à but purement lucratif pour vraiment embrasser la cause animale et la protection de la nature. C’est désormais écrit dans nos statuts. Nous avons également entamé notre transformation en termes de développement durable du parc. Par exemple, notre restaurant ne fonctionne qu’avec des fournisseurs locaux. On est en train de réfléchir sur notre consommation d’eau et d’électricité. On essaie de mettre nos actions en phase avec nos mots. C’est un challenge permanent !
Quels sont vos projets futurs ?
Nous avons plein d’idées ! Nous allons nous agrandir. On espère ouvrir des écolodges en 2025, immersifs et naturels avec une gestion de l’eau écoresponsable qui seront à côté du parc en pleine nature, entourés de forêt. C’est l’un des projets mais on en a d’autres. C’est encore trop prématuré pour en parler.
Vous avez repris le parc il y a dix ans. Vous n’étiez pas du tout issus de ce monde-là. Quel bilan personnel tirez-vous de votre reconversion professionnelle ?
Je vis la meilleure vie que je pouvais espérer ! Il y a quelques années c’était un petit parc familial et moi, j’avais déjà cette vision de faire un outil de la protection de la nature. Aujourd’hui, c’est devenu réalité. C’est ce qui me rend le plus fier. Le budget de notre Fondation dépasse les 220 000 euros. C’est autant d’argent qui part directement dans la protection des animaux et la sensibilisation du public. Aujourd’hui, nous ne sommes pas uniquement un acteur touristique de la région. En plus, je suis entouré d’une équipe de passionnés extraordinaires.
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria
Route d’Anzat
63420 Ardes-sur-Couze
Ouvert de février à décembre
Y compris les jours fériés
04 73 71 82 86